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  • Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

« Ségur de la santé » : Retrouver du sens dans le système de santé français

Dernière mise à jour : 2 juin 2020

Partie 2/5. En ouverture du Ségur de la santé, Edouard Philippe a tenté de définir les contours des concertations attendues. Sans réelle surprise, le 1789 de l’hôpital public n’est pas encore arrivé. Le Premier ministre a promis plus de moyens mais pas un « changement de cap ». Le système de santé français ne sera donc visiblement pas « refondé » en 7 semaines mais certains sujets semblent aller dans le bon sens. « La hausse des salaires promise par le chef de l’Etat le 25 mars à Mulhouse serait significative ». Au-delà des salaires de chacun et du nombre de lits ouverts, c’est tout notre rapport à la santé qu’il faudrait réinventer. Quelles sont les attentes des français ? Des services de soins quasiment gratuits, un Etat providence fort ou un système à mi-chemin du modèle américain avec tous les inconvénients qui vont avec ?


La quête d’un modèle équilibré


Il devient essentiel de retrouver du sens dans nos politiques de santé publique aussi bien pour le personnel médical que pour la population. Les modes de financement des hôpitaux jouent un rôle déterminant dans la vision que l’on se fait de la santé car ils déterminent l’organisation des soins. L’équilibre budgétaire, souvent évoqué par les directions hospitalières, est un facteur déterminant mais ne peut pas constituer la seule ligne directrice d’une politique de santé. Le pilote de l’avion doit rester les soins et l’équilibre budgétaire l’adjoint et non l’inverse. A l’hôpital, dormir des nuits sur un brancard dans un couloir sombre et souvent sale est devenu monnaie courante. Pas terrible pour une prise en charge satisfaisante du patient et pour l’environnement de travail du soignant.


Comment mieux utiliser l’argent ?


Les dépenses de santé publiques représentent environ 11,2% du PIB , dans le top 4 des plus pays qui claquent le plus. Légèrement mieux que l’Allemagne. Rien d’infamant jusque-là. Deux constats viennent atténuer le premier. L’Etat allemand dépense 20% de plus que son homologue français en dollar/hab. Cette comparaison peut paraître illusoire car le fonctionnement décentralisé par Lander en Allemagne est à l’opposé du système centralisé français.

Le second constat vient de ce chiffre : 17 milliards d’euros de frais de gestion sur un budget global de 240 milliards d’euros, c’est-à-dire le double de la moyenne des dépenses des pays de l’OCDE.

La mixité du financement de système de santé exacerbe ce phénomène. Exemple révélateur. Chaque feuille de maladie est traitée 2 fois, une fois par la Sécurité sociale et une fois par l’assurance complémentaire. Deux fois plus de paperasses pour 2 fois plus de boulot. Tel est le crédo. Difficile de mesurer les frais de gestion de la tarification à l’activité et les hôpitaux ne se gênent pas pour alourdir au maximum la facture adressée à la sécu. Ce ne sont pourtant pas les hôpitaux qu’il faut blâmer mais tout un univers concurrentiel hospitalier qui pousse ces derniers à gagner toujours plus de parts de marché ». Business quand tu nous tiens... Retrouver du sens dans notre système de santé ne paraît pas si utopique.

Une médecine prescriptive


Rares sont les consultations médicales qui ne se terminent pas par une prescription médicamenteuse. Sans faire bondir les médecins ( généralistes ou non) , trouver un équilibre entre l’usage rationnel de médicament sans empiéter sur le principe fondateur de la liberté de prescription est un exercice de haute voltige. Ralentir ce phénomène permettrait d’économiser près d’un milliard d’euro à la sécurité sociale. Là encore, c’est notre rapport à la santé qui est mis à mal. Il n’y a pas que l’hôpital qui doit se réinventer, le patient a aussi son rôle à jouer.

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