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  • Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

« Ségur de la santé » : Retrouver du sens dans le système de santé français

Partie 1/5


« La réforme du système de santé annoncée en septembre 2018 ne portait pas assez de sens et avait un rapport au temps et une ampleur qui n’étaient pas du tout suffisants par rapport à l’état où était l’hôpital ». C’est en ces mots qu’Emmanuel Macron avait admis « une erreur dans la stratégie annoncée il y a deux ans » lors de sa visite à la pitié Salpêtrière le 15 mai dernier. Il n’est pas anodin si le chef de l’Etat parle avant tout de « sens » pour qualifier les futurs réformes du système de santé français. Millefeuille administratif, tarifications à l’acte, dysfonctionnement entre la médecine de ville et l’hôpital public... Le monde médical veut retrouver l’essence même de sa vocation : les soins et les patients.


La peur du retour à la normale


Alors que débute le « Ségur de la santé » ce lundi 25 mai, la fenêtre de tir est unique pour redessiner le système de santé. Les promesses sont immenses. Ni les mouvements de grèves ni les démissions administratives en cascade n’avaient suscité tant d’espoirs de changement. Le Covid l’a fait. Saisissons cette opportunité de réforme plutôt que de saluer la résilience du système de santé et de ceux qui le composent.


Une machine plus agile


Le Covid a bouleversé le fonctionnement de l’hôpital. Pendant la crise, beaucoup de normes administratives ont sauté. Une étonnante agilité s’est dégagée dans le fonctionnement des hôpitaux. Les soignants ont repris la main. Moins de reporting, de pointage des présents et des absents, de tableaux excel pour savoir qui a fait ses 35h ou non. Les structures de gestion et d’administration se sont mises aux services du soin, aux services des patients. C’est aussi pour cela que l’hôpital a tenu. Ne l’oublions pas. Une certaine agilité permet une meilleure prise en charge des patients.

Lorsqu’Agnès Hartemann, chef du service diabétologie de la Pitié Salpêtrière, dans un discours poignant avait annoncé sa démission administrative en janvier dernier, comme 1200 autres chefs de services, racontait qu’elle était devenue une « espèce de robot ». Un robot pris dans l’engrenage de la rentabilité.


L’argent : le nerf de la guerre


La paupérisation de l’hôpital public est une réalité. En 2020, le gouvernement demandait 800 millions d’économies à l’hôpital public alors que la situation est déjà impossible. La moyenne au sein de L’AP-HP est d’une seule infirmière pour 13 lits. 800 postes d’infirmières non pourvus. Impossible de passer le temps nécessaire avec chaque patient. C’est une véritable chaine de production qui est mise en place.

Professeur émérite de diabétologie à la Pitié Salpêtrière, André Grimaldi parle « d’hôpital de flux ». Chaque séjour à l’hôpital doit être rentabilisé. Le système hospitalier devient un gestionnaire commercial. Des lits vides dans un hôpital sont des lits qui ne rapportent rien.

La tarification à l’activité


C’est là qu’intervient le sujet de la tarification à l’acte. Les recettes des hôpitaux dépendent à 70% de la tarification à l’activité. Elle rémunère les établissements en fonction de l’activité médicale qu’ils réalisent. Elle s’applique aux activités de médecine, de chirurgie, d’obstétrique et d’odontologie.

Système de financement pas adapté à toutes les prises en charge. Les urgences en sont un exemple révélateur. Les unités d’urgences sont poussées à la consommation. Ainsi, des patients légers qui nécessitent quelques minutes de soin vont être pris en charge car les 200 euros de frais médicaux engagés ne sont pas négligeable pour les services hospitaliers. Ou quand les médecins deviennent des comptables… C’est tout notre rapport à la consommation médicale qu’il faut faire évoluer.

2 ème partie à suivre dans quelques jours

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