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  • Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

Le temps des regrets

Dernière mise à jour : 15 mai 2020

1000 : comme le nombre de jours qui se sont écoulés depuis le vote sur la sortie de la Grande-Bretagne de L’Union Européenne. Ce processus interminable de négociation est une véritable humiliation pour les Britanniques qui découvrent que la sortie d’un état membre est un chemin sinueux et douloureux. L’Europe a pourtant été très complaisante sur les termes des négociations du Brexit sous la houlette du négociateur en chef de l’UE Michel Barnier. Je distingue plusieurs enseignements à retenir de cette situation.


Le référendum de David Cameron : une faute politique majeure


David Cameron serait sûrement un très mauvais joueur de Poker. L’homme par qui ce fiasco est arrivé, a pris cette décision de provoquer un référendum pour des raisons partisanes, croyant ainsi pouvoir réduire au silence l'aile la plus eurosceptique au sein du Parti conservateur. Résultat, les Britanniques ont tout perdu. Démission de David Cameron le lendemain du résultat qui fut remplacé 3 semaines plus tard par Thérèsa May, le parti conservateur est plus déchiré que le parti socialiste français, les intérêts nationaux sont mis en danger (contrats commerciaux, perte de capitaux étrangers etc…) mais surtout l’unité du pays est en péril. Quid de l’appartenance de l’Ecosse au Royaume ? Quid de la question de la réunification de l’Irlande ? Toutes ces questions extrêmement complexes n’étaient évidemment pas anticipées mais comme dit Hubert Védrine « La politique du long terme a disparu ».


Un sujet trop complexe pour être traité par un simple référendum


Dès le début de la campagne du « Leave », cette sortie de l’UE avait quelque chose d’irrationnelle : la majorité des députés étaient contre alors que le vote populaire s’était prononcé pour. Voilà deux ans et demi que le pays n'arrive pas à sortir de cette contradiction. Cela interroge sur le bon usage du référendum. Pour se prononcer sur une question, il faut en maîtriser un minimum les tenants et les aboutissants. Alors certes, un nombre incalculable de fake news se sont propagées dans l’opinion Britannique. Nigel Farage n’y est pas étranger. Cette promesse de rendre les soins de santé quasiment gratuits en reversant les 350 millions de livres sterling que les britanniques versaient soi-disant à l’Europe par semaine à la sécurité sociale Britannique fait partie de ces « inexactitudes ». Face à la presse il avait finalement dû admettre, dans un bel euphémisme, que cette promesse intenable était "une erreur". Il est évident qu’une majorité de Britanniques n’avaient pas toutes les cartes en main pour se prononcer. Pour preuve, Le 24 juin 2016 à 20h, soit quelques heures après le vote, sur Google Trends, la première question la plus posée sur l'Union européenne était "What does it mean to leave the EU ?", soit "Qu'est-ce que cela signifie de quitter l'UE ?" Une question similaire à la quatrième question la plus posée "What will happen now we've left the EU ?" ("Qu'est ce qui va se passer maintenant que nous avons quitté l'UE ?"). Inquiétant…


Et maintenant ?


Personne n’est capable de prédire le dénouement de ce feuilleton interminable qui paralyse le fonctionnement des institutions européennes. Personne ne veut rester dans l’Histoire comme le responsable de cet échec cuisant. L’Europe a proposé jeudi 21 mars deux alternatives aux Britanniques, soit les députés votent en faveur de cet accord d’ici le vendredi 29 mars et ils resteront dans l’UE jusqu’à la veille des élections européennes mais personne ne croit vraiment en cette solution, soit les députés rejettent une troisième fois cet accord et une nouvelle échéance a été fixée au 12 avril. Le Royaume-Uni devra décider avant cette date s'il participe ou non aux élections européennes. Cette situation ubuesque n’a pas fini de nous tenir en haleine. Finalement, rester dans l’Europe, ce n’est pas si mal non ?


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