Un flot massif de critiques venant du monde entier. Une maison qui brûle. Pas grand monde pour la sauver. L’OMS est aujourd’hui la cible de tous les reproches pour son manque de réactivité sur la dangerosité du virus et pour son alignement avec la politique de Pékin. Donald Trump a donc décidé le 15 avril de tirer sur l’ambulance et de suspendre la contribution financière américaine à l’OMS. Principaux contributeurs de cette organisation internationale (400 à 500 millions par an), les Etats-Unis ont donc fait le choix d’un retrait inopportun en pleine guerre sanitaire mais qui soulève plusieurs interrogations.
Quid de la « mauvaise gestion de la pandémie par l’OMS » ?
Donald Trump déteste dans son ensemble les organisations internationales multilatérales et ne s’en cache pas. Elles sont contraires à son mode de fonctionnement unilatéral. Les Etats-Unis doivent pouvoir décider seuls et sans contrainte. Il n’est donc pas surprenant que l’OMS soit d’emblée dans le collimateur du président américain.
Dans son tweet du 7 Avril , Donald Trump accuse « L’OMS de s’être complètement plantée ». Le problème avec le président américain est qu’on a tendance à se méfier dès qu’il prend la parole. Une fois n’est pas coutume, il pourrait ne pas avoir totalement tort.
De nombreuses tergiversations
Le 31 décembre, la Chine informe l’OMS de la présence d’un virus respiratoire dans la région du Hubei et de sa capitale, Wuhan. Pendant 2 semaines, le régime chinois explique que « les enquêtes préliminaires menées par les autorités chinoises n’ont pas trouvé de preuve claire de transmission interhumaine » puis le 14 janvier finit par reconnaître que le risque « ne peut être exclu, même si le risque d’une transmission soutenue est faible ». Une semaine plus tard, l’OMS déclare que le virus se transmet bien d’homme à homme.
L’OMS hésite à utiliser la seule arme de son arsenal, à savoir, lancer un plan « d’urgence sanitaire de portée internationale ». Les membres sont divisés. Pas de décision. Parallèlement, la Chine annonce, sans préavis, calfeutrer les 11 millions d’habitants de Wuhan. Quelques jours plus tard, le directeur général Dr. Tedros s’envole pour la Chine pour « saisir l’urgence de la situation ». Le 30 janvier, L’OMS prend enfin une décision et annonce ce fameux plan « d’urgence sanitaire de portée internationale », outil indispensable pour la mise en place de recommandations internationales. Quasiment 1 mois perdu…
L’OMS à la botte de Pékin ?
Vient l’épisode troublant des éloges du Docteur Tedros envers la gestion de la pandémie du gouvernement chinois. « Transparence » et « réponse sans précédent des autorités chinoises » sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent de la bouche du DG de l’OMS.
Séquence diplomatique, qui, ajoutée à la visite du Docteur Tedros à Pékin quelques jours plus tôt où il mit en valeur la « gestion de crise chinoise », ne fut pas du goût de Donald Trump, mais alors pas du tout. Terrain de jeu encore plus sensible que la bande de Gaza… Ambiance.
Deux épisodes qui ont contribués à exacerber les tensions sino-américaines. D’autant plus que les mesures américaines de fermeture progressive des frontières ont été largement critiquées par l’OMS.
Soulignons aussi que l’OMS n’a pas de pouvoir de coercition sur les états qui refusent de coopérer. D’autant plus quand il s’agit de pouvoir autoritaire comme la Chine. L’OMS avait donc tout intérêt à conserver une entente cordiale avec les Chinois pour qu’ils continuent à fournir des infos sur le covid-19 plutôt qu’ils se braquent. Diplomatie quand tu nous tiens.
Le temps des responsabilités
Une fois cette crise sanitaire terminée, viendra le temps des responsabilités. L’OMS sera sans doute amenée à une profonde transformation de son mode de fonctionnement. Moins dépendante des influences étatiques et plus réactive dans sa gestion des annonces.
L’organisme international ne sera pas le seul visé. La Chine, pour avoir dissimulé pendant des semaines la gravité du virus et les Etats-Unis de Donald Trump pour avoir mis en danger sa propre population avec cette « simple grippette » en ressortiront à des degrés différents, affaiblis. Comme souvent, les responsabilités sont partagées, mais comme souvent il faut un fusible. L’OMS en fait un excellent candidat.
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