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  • Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

L’Ecosystème du football français en danger

Dernière mise à jour : 13 mai 2020

Le Coronavirus aura eu le mérite de mettre en exergue les failles sismiques de la gestion globale du football français. A l’heure où les présidents de club se battent pour « récupérer » leurs dûs liés aux droits TV, il est temps de constater que le football français ne vit pas une simple crise conjoncturelle avec ce « diable » de Coronavirus mais bien une faillite structurelle. Bulle des droits TV, endettement généralisé et dépendance aux tradings des joueurs. Comment le modèle économique du football français a-t-il atteint ses limites ?


La bulle des droits TV


La crise sanitaire a mis en exergue l’importance des droits tv. Depuis 3 semaines, Canal+ et Bein sport refusent de passer à la caisse pour cause de Coronavirus. Bein Sport devait honorer un versement de 42 millions le 5 avril. Son principal concurrent Canal+ avait dégainé le premier en avertissant la ligue que leur prochain versement de 110 millions d’euros, soit 15% du montant annuel total ne serait pas versé. Décision logique. Pas de match pas de visibilité pour les diffuseurs. Pas de visibilité, pas de source de revenu…

Sacré manque à gagner pour la ligue et le foot français. L’ex timide Nasser Al Khalaifi , patron du PSG , est envoyé par les présidents des 20 clubs de ligue 1 pour négocier avec ses N-1 de Bein Sport. Bizarrement, plus personne ne crie aux conflits d’intérêts quand il s’agit de monter au front pour pousser le diffuseur à sortir le porte-monnaie. C’est en quelques sortes le si -décrié Qatar qui va sauver notre bonne vieille ligue 1… Quelle histoire ça aussi.


36% des recettes de ligue 1


Les droits TV représentent 36% des recettes de club de ligue 1 pendant la saison 2018-2019. Ils sont, de loin, la plus grande source des revenus des clubs français selon la DNCG (redresseur de torts financier officiel du football français). Il n’est jamais bon d’avoir tous ses œufs dans le même panier, et cette dépendance aux droits TVva mener le foot français à sa perte.

La bulle économique des droits tv se reflète mieux par des chiffres. 1,15 milliards d’euros par saison pour la période 2020-2024. Une hausse de 54 % par rapport au précédent appel d’offres, grâce au nouvel arrivant, le groupe espagnol Mediapro, pour une somme proche de 800 millions d’euros annuels. Des sommes lunaires pour les connaisseurs du football professionnel français. La distorsion est flagrante entre les sommes versées par les diffuseurs et le niveau réel d’un championnat en bois. Hormis quelques matchs par an, ce n’est pas la régalade tous les week-ends. Pas plus qu’entendre Stéphan Guy nous promettre « 3 min de bonheur en plus » nous fera penser le contraire.

Plus sérieusement, l’enjeu est crucial. Le Covid-19 fragilise un football hexagonal qui se prend pour une rockstar alors qu’il ne compte moins de victoire en coupe d’Europe que L’Ecosse. Il est grand temps d’agir. De repenser notre modèle de financement.


Quels financements ?

La méthode « Titanic »


Gérard Lopez , ancien président de Lotus F1 Team et actuel président du Losc , connaisseur avisé du monde des affaires est en train de profiter de cette pandémie pour mettre le doigt dans un engrenage qui pourrait plonger le football français au bord du gouffre : avoir recours à des emprunts massifs auprès de fonds d’investissements « entre 300 et 500 millions d’euros remboursables à 8 % [par an] à échéance de trois à cinq ans ». Des intérêts d’emprunts toujours plus importants pour toujours plus de dettes. Le risque majeur est la prise de contrôle des clubs de foot français, qui n’auraient évidemment pas les moyens de rembourser leurs créances, par des fonds d’investissements étrangers. Une sorte d’OPA hostile. Pas forcément la bonne solution.

Le trading des joueurs


Dû à l’inflation des prix transferts lors des périodes de mercato (on salue l’argent des droits TV anglais), certains clubs de ligue 1 se sont lancés depuis quelques années sur un modèle type Porto ou Dortmund. Un modèle de « trading de joueurs » selon Philippe Piat ( itw au Monde du 12 Avril) , président de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), le syndicat français des joueurs. A savoir acheter ou former des joueurs pour pas cher et revendre pour des sommes plus élevées à des clubs plus riches. Bordeaux, Monaco ou encore Lille se reconnaîtront. Méthode dangereuse qui fait des joueurs des « actifs financiers » à part entière. Ces ventes de joueurs déséquilibrent considérablement les budgets des clubs car, par effet domino, les clubs veulent réaliser des marges considérables sur leurs actifs financiers et leur proposent de fortes revalorisations salariales pour qu’ils acceptent de prolonger leurs contrats. Résultat, une masse salariale qui explose pour des plus-values hypothétiques. Solution conjoncturelle, pas structurelle.

Un modèle plus équilibré


La réponse existe surement déjà. Pourquoi ne pas militer pour l’instauration d’un salary Cap comme en NBA pour ne pas déséquilibrer les budgets des clubs ? Une prise de participation financière des supporters dans les parts de leur club de cœur style « Socios » en Espagne ? Le rachat des stades où les clubs évoluent pour augmenter leurs sources de revenus ? Une harmonisation européenne sur une régularisation des transferts ? Un pêle-mêle d’idées existantes mais pas encore appliqué qu’il serait intéressant de prendre en compte pour la survie économique de notre très chère ligue 1.


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