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  • Photo du rédacteurThomas Patris de Breuil

L’acceptation du risque

Qu’il est difficile de trouver le juste équilibre entre la relance économique du pays et le risque d’une deuxième vague. Bien malin celui qui connaît le mode d’emploi. Sans être omniscient, le retour à la vie d’avant n’est pas pour tout de suite, pas tant que le vaccin ne sera pas accessible au grand public. Un certain nombre de secteurs comme le tourisme, les services ou encore la restauration ne pourront pas attendre 18 mois l’antidote magique avant de reprendre une activité normale. Afin de limiter la crise sociale et économique, nous allons devoir tendre collectivement vers une culture de l’acceptation du risque sanitaire.


Une prise de risque calculée


Lundi 18 mai, à la suite d’un conseil des ministres d’une dizaine d’heures, le ministre italien a annoncé une accélération du déconfinement. Nouvelle stratégie pour de nouveaux enjeux. Une situation économique très préoccupante pour des chiffres pandémiques encourageants. La troisième économie de la zone euro devrait voir son PIB négatif de 9,5% en 2020. 1 million de PME risquent la faillite. Un tissu social au bord de l’explosion. Motif d’espoir, moins de 760 personnes hospitalisées pour des motifs Covid (auxquels il faut ajouter les hors Covid) pour un total de 5000 lits. Pas plus glorieux de l’autre côté des Pyrénées.


La commission européenne prévoit une récession économique française de 8,2% et une dette publique qui se creuse à hauteur de 116% du PIB. Le bal des plans sociaux a commencé (Air France, Renault, Conforama). La barre des 4 millions de chômeurs bientôt dépassée. Sur le plan sanitaire, moins de 1900 patients covid en réanimation sur un total de 5000 lits disponibles. Bref, des chiffres qui donnent le tournis économiquement mais encourageants sanitairement.


Limiter les dégâts

Il est bien sûr hors de question de négliger la protection des salariés mais il faut que chacun y mette du sien. Chaque jour gagné sur la reprise sont des jours importants. La mécanique doit se remettre en ordre de bataille et vite. C’est toute la chaîne économique qui est concernée, du producteur au fournisseur en passant par les clients. Les aides financières de l’Etat de 7 et 5 milliards d’euros pour Airbus et Renault sont essentielles mais provisoires. « Rien ne sert de produire par exemple des voitures si l'on ne peut pas les vendre et les faire rouler » résume Louis Gallois.


La mécanique est la même pour les salariés, le télétravail a fait ses preuves pendant le confinement et tant mieux mais la dynamique collective des salariés n’est pas la même, l’impulsion de nouveaux projets doit forcément un jour ou l’autre passer par le présentiel. Chacun a mille arguments pour travailler de chez soi, souvent compréhensibles, mais la dynamique générale de travail passera par l’émulation collective. On ne parle pas de surperformer pour compenser les pertes économiques du confinement, ce qui serait inutile car l’être humain n’est pas un robot mais que tout le monde tire dans le même sens serait déjà une véritable réussite. Réussite conditionnée à une certaine forme d’acceptation du risque de contamination. Acceptation lucide et raisonnée.


Les décisions politiques et économiques sont inédites. Le rôle de l’Etat n’a jamais été aussi grand depuis la libération. Emmanuel Macron a promis que l’Etat répondrait « coûte que coûte » à ce défi global, mais n’est-ce pas à nous aussi, individuellement et collectivement d’y faire face ?

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