La question du financement des écoles de commerce est toujours un moment douloureux pour les étudiants et leurs parents. De 7000 à 20 000 euros l’année, ces dépenses non négligeables pour les comptes en banque des particuliers concernés ne constituent pas l’intégralité des sources de revenu des écoles de commerces. Mécénats, partenariats, alumnis, chambre de commerces et surtout… fonds d’investissement privés font leur apparition dans l’équation financière. Depuis quelques années, le business model des écoles de commerce subit une profonde transformation.
Changement de statut juridique, tarissement des aides des chambres de commerces pour quelques grandes écoles, révolutions digitales. Comment les étudiants sont-il les principaux perdants ?
L’engouement des fonds d’investissement pour l’enseignement supérieur privé
HEC, l’ESCP, l’ESSEC et d’autres établissements consulaires , contrôlés par les chambres de commerce, ont vu les subventions de ces dernières sensiblement diminuer. De nouveaux acteurs ont donc fait leur apparition. Plusieurs fonds de private equity font désormais la loi. L’Américain Providence qui possède Studialis (PSB , Web School factory , Cours Florent) , Apax partners ( groupe d’enseignement INSEEC) ou encore Qualium qui vient de s’offrir l’EM Lyon font partie de ces nouveaux acteurs. Nous sommes en droit de s’interroger sur les véritables objectifs de ces fonds de private equity . La logique de rentabilité écrasera celle de l’excellence académique si cher à L’EM Lyon et aux écoles de commerces ? Les investisseurs vont -il accepter de maintenir des fonds pour développer la partie académique ? Quid du nombre d’étudiants ?
Ce phénomène de bulle spéculative autour des écoles de commerces n’est surement pas de bon augure pour les étudiants des business schools. Les valorisations des écoles sont devenues démesurées. En France, le groupe Laureate possède plusieurs écoles qu'il souhaite également vendre : les business schools ESCE et EBS, l'école d'ingénieurs ECE et l'Institut français de gestion. Rothschild & Cie, qui a le mandat de vente, espère en obtenir près de 200 millions d'euros, soit plus de 10 fois l'Ebitda (indicateur qui mesure les revenus d'une entreprise avant soustraction des intérêts et des impôts). Il faut donc rentabiliser ces investissements massifs.
Les effets pervers de la révolution digitale
Sous couvert de modernité et de digitalisation de la société, de nombreuses écoles de commerce mettent en valeur les cours en visio-conférence dans leurs enseignements car ils permettraient un meilleur accompagnement pédagogique des élèves, proposant une méthode de travail plus libre et indépendante. Que nenni ! Deux facteurs expliquent ce changement d’approche pédagogique.
La croissance exponentielle du nombre d’élèves dans les écoles fait qu’il n’y a pas toujours de place disponible dans les classes. Pour que l’école continue à recruter des élèves et augmente ses sources de revenus, quelle meilleure solution que de proposer toute une partie de son enseignement à distance et ainsi pratiquer un turnover des élèves présent physiquement à l’école ou via les outils numériques. Pratique mais nuisible pour le niveau académique globale.
Parallèlement à cette croissance des effectifs, le nombre de professeurs n’augmente pas dans les mêmes proportions. Pas la peine d’engager des professeurs publiant dans les plus grandes revues internationales quand on peut enseigner par des plateformes digitales qui permettent de rentabiliser les lourds investissements initiaux consentis.
Les écoles vont donc devoir penser à l’impact de ces profondes transformations sur le niveau académique global qu’elles proposent. Les prix exorbitants des écoles de commerces couplés à un potentiel affaiblissement de l’offre pédagogique proposée n’est sûrement pas une solution d’avenir pour ces business Schools qui finiront par en payer les conséquences.
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