Près de 13 000 morts à ce jour. 2000 personnes contaminées par le coronavirus sont décédées lors des dernières 24 heures aux Etats-Unis. Pire bilan journalier planétaire depuis le début de la pandémie. La plus grande puissance mondiale en passe de devenir le foyer épidémique le plus important du globe. Un drame qui expose au grand jour les failles d’un système privé, décentralisé et inégalitaire.
Les failles d’un système privé, décentralisé et inégalitaire
D’un point de vue strictement franco-français, le système de santé américain nous semble lunaire. Quasiment 10% des américains ne possèdent pas d’assurance santé soit 28 millions de personnes. Ceux qui en possèdent, souvent via leur employeur, ne se précipitent pas pour aller se faire soigner. Le prix exorbitant des franchises inscrit dans les contrats d’assurances n’y sont pas étrangers.
S’il souhaite se faire soigner, le citoyen américain doit se muer en Sherlock Holmes. Si le praticien, l’établissement ou le soin nécessaire n’est pas mentionné dans les clauses du contrat d’assurance, la facture peut vite devenir insurmontable et plonger des familles dans l’extrême précarité. Et le cycle de la terreur peut commencer : emprunt, intérêts trop lourds, deuxième emprunt pour rembourser le premier…
De plus, les jours d’arrêt maladie sont loin d’être une évidence dans la culture américaine. ¼ des salariés américains ne sont pas autorisés à en prendre.
Ces failles rendent la population américaine plus à risque car plus pauvre et plus vulnérable aux virus.
Un test grandeur nature pour le système de santé US
Plusieurs candidats à l’élection présidentielle 2020 avaient fait de la refonte du système de santé une de leur priorité, notamment Bernie Sanders. Démonter l’Obamacare pour tout reconstruire sur des bases plus saines, plus équitables et plus justes. Supprimer les assurances privées, les franchises et donc les factures exorbitantes : « Medicare for all » tel est son crédo. Ce n’est pas celui du président américain.
La gestion de crise de cette épidémie est pour le moins désordonnée aux Etats-Unis. Des mesures locales annoncées au fur et à mesure par les gouverneurs des Etats qui n’hésitent pas à rentrer en conflit direct avec Donald Trump. Andrew Cuono, le gouverneur de New York en est le symbole : il décide des mesures de confinement strictes et rassure la population pour « parer les marmonnements quotidiens du président ». Ambiance.
Cette « petite grippette » ou « virus chinois » font partie des délicieux surnoms plébiscités par Donald Trump pour désigner le Covid-19. Le président a néanmoins fini par réagir le 18 mars en faisant voter au Congrès une loi, le « Families First Coronavirus Emergency Response Act », rendant gratuit les tests de dépistage au Covid-19 et étendant les congés payés aux travailleurs diagnostiqués positifs ou en quarantaine (une garantie qui ne concerne toutefois que les entreprises de plus de 50 et moins de 500 employés).
Et maintenant…
Le Coronavirus met donc à l’épreuve le système de santé et de protection sociale américain. S’il est encore trop tôt pour émettre un jugement définitif sur la gestion sanitaire de la pandémie aux Etats-Unis, il n’est pas interdit de croire que ce triste événement conduise la première puissance mondiale à revoir sa législation en matière de droit du travail et de droit de la santé. Déjà cela de gagné.
Comments